Six heures du matin. Malgré la chaleur, nous n'avons pas mal dormi. Avec une grande joie, je retrouve ma petite cour où j'entends caqueter poules et pintades et les gens vaquer à leurs occupations. Tiens, un cochon grogne tout près de moi. De tous côtés s'élève 'appel du coq. Là-bas, c'est un âne qui brait à fendre l'âme du plus endurci. Je devine la présence d'un enfant derrière le mince grillage qui me sépare de la cour. Il me regarde taper sur mon ordinateur. Il fait frais. Une bonne odeur de fumée emplit la cour. Voilà un cadre bien propice à la réflexion.
Quelques bonnes nouvelles
L'état burkinabè a mis gratuitement à la disposition de l'école deux enseignants pendant trois ans. L'un d'eux a été nommé directeur. Nous avons bien évidemment été très surpris par cette nouvelle, car le directeur que nous avons connu, Mathieu Kaboré, est loin d'avoir démérité, bien au contraire. Tout en restant suppléant d'une classe, Mathieu est responsable du suivi des enfants lorsqu'ils sont admis au lycée. Cette année, un enfant aveugle, Sidiki Soré, âgé de 12 ans, est inscrit au lycée de Boulsa. Il est dans une classe de 56 enfants, la plus petite classe du lycée. Un seul enfant peut paraître peu, mais lorsqu'on sait que plusieurs écoles ordinaires n'ont eu aucun enfant reçu, on saisit mieux le chemin parcouru. Mathieu l'assiste pour les devoirs et les transcriptions en braille, car il est seul à bien maîtriser cette écriture.
Comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, l'Ecole Jean-Marc Meyrat va recevoir une imprimante braille avec ordinateur et logiciel de transcription de l'ambassade d'Allemagne. Voilà qui me soulage après les efforts désespérés et demeurés sans succès de faire fonctionner les imprimantes amenées de Suisse dans nos valises. Je suis d'autant plus rassuré d'apprendre que le logiciel qui sera utilisé est le même que celui que nous utilisons en Suisse.
En présence des autorités pédagogiques et de l'action sociale de la province du Namentenga, nous avons remis officiellement à l'école le livre de lecture deuxième année transcrit en braille. La cérémonie était très émouvante. Les mots du nouveau directeur nous ont beaucoup touchés, surtout ceux pour remercier Christine, la soeur de Francine, qui a tapé ce livre. Elle peut vraiment reposer en paix: paix à son âme et que la terre lui soit légère.

Ensuite, nous avons remis aux enfants et à quelques adultes présents les lunettes de soleil offertes par l'entreprise Serjo à Delémont.


Hygiène et santé des enfants
Heureusement que la lionne blanche n'a pas vu l'état de saleté des latrines hier soir. Ce matin, tout est propre, cependant l'odeur est pénible. Selon Bondi qui a fait le tour des popotes à midi, la majorité des enfants ne se lavent pas les mains. Bondi est fâché et je pense qu'il a raison. Il est vraiment décevant de voir ces loulous livrés à eux-mêmes faute d'un encadrement suffisant. Malgré tous nos efforts, on a le sentiment que la problématique de l'hygiène n'occupe qu'une place secondaire alors qu'elle est primordiale. Il va falloir resserrer les boulons et vite! Les temps paraissent lointains lorsque les enfants faisaient sagement la queue pour faire leurs ablutions. Demain matin, nous réexaminerons toute la question de l'hygiène et de la santé avec Isaac, le nouveau directeur de l'école. Nous avons proposé à Etienne qu'il instaure un tournus parmi son personnel afin que les enfants ne restent pas sans surveillance durant les repas.

Les comptes
Il n'est pas utile de revoir l'exercice comptable 2012 qui, à quelques exceptions près, ne s'est pas trop mal déroulé. Il est toutefois indispensable de s'inspirer de cet exercice pour clarifier certaines choses et de ne pas reproduire les mêmes approximations. A la décharge d'Etienne et de son équipe, rien n'est vraiment facile. Par exemple, l'infirmier qui s'est engagé à visiter les enfants deux fois par mois n'a pas pu assurer son service durant une bonne partie de l'année 2012. Il n'a pas été remplacé. Dans le même ordre d'idée, le nettoyage des parties communes n'a pas été effectué suffisamment régulièrement. C'est vraiment dommage, parce qu'à côté de l'alphabétisation, l'hygiène et la santé sont des objectifs prioritaires de notre association. Nous avons exigé que les comptes 2013 soient vérifiés par la comptable de l'Alliance biblique pour la fin février 2014 sous peine d'une possible suspension de notre versement du deuxième trimestre 2014. Je dois dire que ça a un peu grincé. Cela n'a pas été facile pour Etienne d'adhérer à cette demande. De plus, nous avons demandé à Etienne qu'il mandate Isac afin que le directeur nous envoie un petit rapport mensuel afin que nous soyons au courant et que nous puissions réagir rapidement.

Les moulins
La construction des moulins est une réussite, ne serait-ce que par le simple fait qu'ils occupent quatre personnes handicapées, Casimir et Pamoussa qui sont aveugles et leurs deux assistants malvoyants. Il y a une dizaine de moulins à Boulsa ce qui fait craindre à Bondi une concurrence acharnée. Selon Etienne, tous pratiquent les mêmes prix d'oú la remarque de Bondi que nous sommes en présence du cartel des meuniers. Par contre, je me suis d'emblée préoccupé des oreilles de nos meuniers. Il ne faudrait pas qu'en plus d'être aveugles, ils deviennent sourds. E! bondex d'ajouter: Il ne manquerait plus qu'ils se prennent les doigts dans la chaîne. Nous allons donc nous préoccuper de ce problème dès notre retour en Suisse afin de procurer à nos maîtres Cornille burkinabè des casques.

Bonne journée à toutes et à tous
La Patrie ou la mort nous vaincrons!
Une pensée émue pour ma chère frangine qui demeure présente sur cette terre africaine et à travers une belle œuvre qu’est l’alphabétisation. La suite sera celle de sa fille Caroline et son compagnon Sandro. Vive la solidarité. je ne suis pas étonnée de l’état de l’hygiène des latrines. L’infirmier nous avait bien dit qu’il était très difficile de faire changer les coutumes, les habitudes et c’est un africain qui nous l’a dit! Donc, patience et persévérance. Bravo les « garçons » pour votre réunion de hier et j’attends la suite avec impatience. N’oubliez pas la bénédiction du bus avant de partir pour Gaoua.
Becs