La nuit s'est bien déroulée. Il fait tout de même plus frais, moins chaud, qu'à Ouaga ou Boulsa.
La ville de Gaoua compte 52.000 habitants. La région semble receler de l'or et du cuivre. Les Lobis représentent 51 % de la population et les Birifors 45. La religion dominante est l'animisme. Ensuite vient le christianisme. La région compte peu de musulmans.
Agé de 39 ans, Yara a perdu la vue suite à une méningite non diagnostiquée en 1997. C'est la même année et à cause de la même maladie que Samsung a perdu sa petite fille Delphine alors âgée de 6 ans. Yara a le célèbre discours de Sankara prononcé devant l'OUA comme sonnerie de portable. Cela vous donne une idée du personnage qui se déclare ouvertement pour la révolution.
Agent social, Yara est père de trois enfants. Sa femme tient un kiosque. Lui tire ses revenus du tissage et de sensibilisations dont il est chargé.

Intéressante la visite à l'école normale locale. Nous avons pu présenter notre activité au directeur général et devant une classe de futurs enseignants parfaitement formatés.

Nous voilà en présence du bureau de l'association Espoir des malvoyants et aveugles de Gaoua, AEMAG. Yara présente le projet à l'aide de ses feuilles écrites en braille à l'aide du poinçon.
Au bureau siègent des personnes handicapées de la vue qui participent activement aux débats. A noter, un membre responsable de la promotion de la femme. La secrétaire générale, Thérèse, est une enseignante fraîchement à la retraite. Elle est pressentie pour être la future directrice de l'école. Un autre membre, Justin, est conseiller en matière d'ophtalmologie dans un hôpital de Gaoua.
L'AEMAG a été créée en 2002 et reconnue par l'état en 2003. A l'origine, l'association était soutenue par un organisme britannique, ADD, essentiellement pour la formation dans la gestion de projets. Malheureusement, suite à la crise de 2008, cet organisme s'est retiré. D'autres formations ont été organisées comme pour le tissage en lipico par exemple. Grâce à quelques soutiens, l'AEMAG a pu sensibiliser ses membres à la lutte contre de SIDA et pour la promotion de l'hygiène.
Après la crise, seul le FONAEF demeure un partenaire financier. Ce fond soutient l'alphabétisation braille qui à l'AEMAG regroupe 50 personnes réparties dans cinq centre régionaux.
Pour le bureau le futur centre est un tout. Sans occulter l'alphabétisation et la scolarisation, il souhaite dépasser le système d'enseignement francophone hérité de la colonisation en y associant un enseignement en langue locale et la formation pour le tissage, le maraîchage, l'élevage et le petit commerce.
L'école inclusive
Théoriquement, c'est à l'état d'assurer l'éducation des enfants aveugles et malvoyants. En réalité, cette tâche retombe sur les organisations telles que l'AEMAG ou l'école de Boulsa. L'AEMAG projette d'intégrer des enfants voyants et ainsi de proposer les services d'une école privée en favorisant les échanges sociaux. Ainsi, cela pourrait procurer des fonds à l'association. Cependant, a-b-c-d ne saurait soutenir une école pour les enfants voyants. C'est la raison pour laquelle, nous proposons à Yara qu'au minimum deux tiers des places soient réservées aux enfants aveugles et malvoyants et que l'effectif des classes ne dépasse pas 18 enfants.
Nous reviendrons en détail sur le projet. Sachez qu'il prévoit la construction de 4 classes et de leurs dépendances et le forage d'un puits. Comme activités génératrices de revenus, l'AEMAG prévoit la construction de 8 chambres à louer aux gens de passage, Il y a du tourisme dans le coin, d'une salle de conférence et des surfaces pour pratiquer le petit commerce.


Nous allons voir le terrain qui a été offert à l'AEMAG par la mairie. La surface y est, un hectare environ situé un peu en dehors de la ville. Par contre, l'actuel chemin d'accès, une piste de 800 mètres, doit être absolument amélioré. Il faut également avoir l'assurance que l'électricité parvienne jusqu'à la parcelle, 8 poteaux environ. Selon Yara "y a pas de problème". De toutes les façons, au Burkina, y a jamais de problème. Nous avons essuyé quelques malheureuses gouttes de pluie. Elles devaient être au plus au nombre de dix.

Nous mangeons ce soir chez Yara: ignames, aloco et sauce. Thérèse, une lionne, véritable maîtresse femme et future directrice pédagogique a le verbe haut. Elle a mis d'emblée le grappin sur Bondi et boit volontiers le pinard que nous avons acheté au magasin du coin. Elle a fait de l'allemand au lycée et Bondi lui rappelle la différence entre gehen et fahren.

On a bien rigolé!
A demain, si vous le voulez bien!
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