31 octobre 2012

Le jardin insolite dans la cour de Boulsa
Légende: Le jardin insolite dans la cour de Boulsa

Voilà, le jour se lève sur la cour du frère Etienne. Les coqs se donnent à fond et l'âne brait toujours aussi tristement. Il est six heures, les femmes et les enfants vaquent déjà à leurs occupations.

J'ai le sentiment que nous avons fait du bon travail. Maintenant, il va s'agir de mettre en œuvre tout ce que nous avons suggéré et décidé.

Je dois reconnaître que Francine m'en a mis plein la vue. Je ne doutais absolument pas de ces compétences sociales et pédagogiques, mais je ne la voyais pas aussi à l'aise en comptabilité. En ce dernier matin à Boulsa cette année, je mesure, comme à chaque fois, la chance que j'ai de pouvoir compter sur l'appui de Francine et des membres de notre comité, Heinz et Bondi.

Maintenant, il faut trouver un stratagème afin qu'Etienne accepte que nous participions aux frais de pension, ce n''est pas gagné. En fait, c'est perdu. Etienne refuse catégoriquement. L'unique subterfuge que nous avons trouvé, c'est de donner un montant à Mathieu, le directeur de l'école, pour que les cuisinières apprêtent un ou plusieurs repas de fête pour les petits loulous aveugles.

Les deux formateurs
Légende: Les deux formateurs

Nous assistons à la formation sur l'hygiène et l'assainissement. Le programme est simple, vivant et bien adapté aux participants. Il s'agit d'une approche associant théorie et travaux pratiques. Le tout est informatisé. Comme il s'agit des membres du personnel qui ne sont pas enseignants, la formation est donnée en mauré. Casimir et Daniel, les deux formateurs aveugles en tissage, prennent des notes en langue mauré avec la tablette et le poinçon.

Casimir et Daniel, les deux participants aveugles
Légende: Casimir et Daniel, les deux participants aveugles

Selon l'infirmier, juste en se lavant consciencieusement les mains, on peut éviter 40 % des maladies. La fièvre typhoïde par exemple, c'est la maladie des mains sales. Dans certaines communautés, celui qui se lave les mains est considéré comme un nassara, un blanc. Les enfants ont donc un conflit de loyauté avec leur communauté lorsqu'ils rentrent de l'école. Il faut répéter sans se lasser. A l'époque de la révolution, les enseignants du Burkina Faso répétaient tous les matins: "L'apartheid est un crime contre l'humanité". Maintenant il faudrait dire chaque jour aux enfants: "Il faut se laver les mains plusieurs fois par jour".

Formateurs et partcipants
Légende: Formateurs et partcipants
Mathieu tient le cadeau de mama dans les mains
Légende: Mathieu tient le cadeau de mama dans les mains

Avant le départ, une petite cérémonie d'adieu a été organisée à notre intention. A cette occasion, Francine a reçu une magnifique tenture. Au milieu des bouteilles de coca, de fanta et autre malta, trônait une bouteille de Brakina, la bière locale. Devinez à qui elle était destinée.

Francine et Jean-Marc Meyrat déplient leur cadeau
Légende: Francine et Jean-Marc Meyrat déplient leur cadeau

C'est très satisfaits de notre séjour que nous avons demandé la route et quitté Boulsa escortés par la moto d'Etienne jusqu'à la sortie de la ville.

Nous aurions dû rencontrer Guy Yamemeogo, le président de l'Association burkinabé pour la promotion des aveugles et malvoyants (ABEPAM), à 16 heures. Il avait oublié que se déroulait le Salon international de l'artisanat de Ouagadougou (SIAO) et que, de ce fait, lui et ses collaborateurs faisaient un horaire continu. Ils ne font vraiment pas beaucoup d'efforts.

Nous sommes rendus à Ouagadougou. Après une petite douche tout à fait salutaire, nous nous rendons chez Samsung, car l'état de sa main lui interdit de conduire. C'est vraiment chaotique pour se rendre chez le pasteur cultivateur. On vient de mailler une pièce au bus. Salif a sorti la caisse à outils qui a fait le Paris Dakar. Avant la piste entre la frontière marocaine et mauritanienne, c'est le pire qu'il ait connu. Dans ce coin, il vaut mieux venir à vélo ou à moto. Pauvre Toyote!

Il fait une chaleur d'enfer ce soir. C'est peut-être également le piment d'Agnès qui fait son effet et la bière ne fait qu'empirer les choses. Nous allons aller faire un petit tour au SIAO et après, dodo. Nous sommes crevés.

Nous arrivons à la fin de ce séjour au pays des hommes intègres et, par conséquent, à la fin de cette chronique. Tout a été vraiment parfait. Nous aurons encore plein de choses à vous raconter. Nous repartons ce soir à 21 heures. Un voyage sans histoire, si ce n'est la gigantesque girafe de Francine en matériel de récupération, qui n'a pas passé le contrôle de sécurité. Mais tout est bien qui finit bien. Elle trônera bientôt dans notre salon à Trogne.

Nous vous remercions d'avoir suivi ce blog et nous réjouissons, d'ores et déjà, de revenir au burkina Faso et de vous faire partager le destin de l'Ecole Jean-Marc Meyrat à boulsa..

Jean-Marc et Francine