
Me voilà à nouveau dans la cour. J'écoute l'activité qui s'éveille. Quelques coqs chantent de-ci de-là. Au loin un âne brait. Jacqueline, la femme d'Etienne, vient me souhaiter le bonjour. Elle m'appelle papa, c'est joli, non? J'en entends déjà ricaner. Rassurez-vous, elle dit maman à Francine.
La qualité de l'eau du puits de Boulsa demeure au cœur de nos préoccupations. A l'occasion de notre dernier voyage en mars dernier avec Bondi, nous avions rapporté à Ouaga une bouteille d'eau tirée du puits pour analyse. Après un premier examen superficiel, il s'est avéré que l'eau était de bonne qualité. Cependant, nous avons souhaité une analyse plus complète. Pour ce faire, nous avons laissé de l'argent à Bouba, afin qu'il puisse entreprendre les démarches nécessaires. Malheureusement, il n'a pas pu avoir un rendez-vous avec le préposé du laboratoire. Il a d'emblée flairé la magouille. Il a très vite eu le sentiment que le gars avait l'intention de faire le boulot à gauche. Prudemment, Bouba a stoppé toutes les démarches. Compte tenu de la situation, j'ai proposé à Bouba qu'il garde l'argent, qu'il se renseigne pour trouver un autre laboratoire et qu'il prélève à nouveau de l'eau à Boulsa, dans un récipient fourni par le laboratoire cette fois.

Nous avons visité les deux moulins. Ces installations ont été financées par la Mission évangélique braille et la Fédération suisse des aveugles et malvoyants. L'un se trouve à côté de l'école, l'autre à deux kilomètres environ, ce qui pour Etienne, ne représente pas un problème d'accessibilité pour les personnes aveugles. Preuve en est, Casimir, l'enseignant aveugle en tissage, s'y rend seul.

Moyennant une formation appropriée, cette activité est à la portée des personnes aveugles. Il va bien sûr s'agir d'adapter un peu les installations en apposant certaines protections près des courroies.


Il s'agit de deux moulins multifonctionnels pour moudre les différentes céréales, pour broyer les noix de karité et pour décortiquer l'arachide par exemple. Ces moulins qui sont alimentés au fuel, fourniront de l'électricité aux maisons environnantes. Chaque moulin brûlera environ sept litres de fuel par jour. La distribution de courant aux voisins moyennant paiement, devrait être proposée le soir, après le travail journalier. Une plaque mentionnant les bailleurs de fonds sera apposée sur chaque moulin. Il s'agit-là de la première activité génératrice de fonds de l'école de Boulsa.
Les comptes

Etienne a chaussé ses lunettes, ça va bouillir. La présentation des comptes nous laisse perplexes. Etienne a dépensé tout ce qu'il a reçu. La secrétaire est un peu dépassée. Elle manque non seulement d'outil, mais surtout de formation. Nous avons quelques explications à donner au caissier Bondi. Je crains qu'il saute en l'air. L'idéal serait que la secrétaire puisse suivre une formation et que la DDC puisse assurer un suivi. Malheureusement, nous avons le sentiment que la secrétaire si pleine de bonne volonté soit-elle, n'ait pas les bases suffisantes. En tout état de cause, cela prouve, encore une fois si besoin est, qu'Etienne n'est actuellement pas en mesure d'accroître son activité.
Francine et moi avons demandé à Etienne d'établir les comptes en fonction de l'année civile et non de l'année scolaire. A l'occasion de sa dernière séance, le comité d'a-b-c-d nous avait demandé de proposer à Etienne une économie d'un million de francs CFA pour tenir compte des entrées réalisées grâce à l'activité des moulins. Compte tenu qu'ils ne sont pas encore tout à fait en fonction, nous avons décidé de repousser le budget 2013 final en mars 2013, afin qu'Etienne ait des indications concernant le rendement des moulins.
Il existe à Boulsa un organisme, Domaine, qui a déjà proposé ses services pour conseiller l'association en matière de comptabilité. Le prix, 25.000 francs CFA a contraint Etienne à renoncer à cette offre. Notre comité examinera cette question en toute urgence si nous voulons prendre connaissance de la clôture de l'exercice 2012 dans de bonnes conditions
Etienne nous communiquera, dans les jours qui viennent, qu'est-ce que Domaine offre précisément pour ces 25.000 francs mensuels, 50 francs suisses, et quelle solution informatique est adaptée à la comptabilité d'Etienne.

Francine est passée au devant de tous les élèves pour leur expliquer les gestes de la santé qu'ils devaient faire quotidiennement. Devant les tout petits, Bouba a traduit en Mauré, car ils ne comprennent bien évidemment pas le français, même si leurs leçons sont données dans la langue de Voltaire.

Par la suite, Mathieu a préparé avec les élèves une petite cérémonie très touchante en souvenir de Christine, la sœur de Francine qui a transcrit les livres scolaires en braille et de Gérard, le frère de Bondex, un fidèle donateur. J'ai vraiment eu du mal à retenir mes larmes.

Francine va aller prendre le balai pour montrer comment on fait, comment on récure. Ce matin, l'odeur était telle, qu'elle a dû respirer par la bouche. Elle a dit à Mathieu que d'être propre, de se laver les mains, de se brosser les dents, d'aller aux toilettes avec des chaussures, devaient être répétés chaque jour au même titre que les chants ou la prière. Elle a insisté sur le fait que de nettoyer les latrines à la javel limitait les odeurs. On ne peut pas demander aux enfants d'être propres si l'odeur des toilettes est intenable. Francine a proscrit le balai traditionnel au profit de la brosse à récurer et l'OMO qui rend le sol glissant.

En résumé, être limité dans le temps nous contraint à concentrer notre boulot. Nous pouvons, je crois, être satisfaits de notre séjour à Boulsa qui s'achève demain.
Demain, nous assisterons au début du deuxième module de formation réservé aux cuisinières. Je vais également, sans espoir, m'occuper de l'imprimante braille.
Ce soir, c'est moi qui ai dit la prière. Les amateurs apprécieront.
A demain!
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