Cela fait très longtemps que je n'ai pas aussi bien dormi. Cet événement est tellement extraordinaire qu'il mérite d'être consigné dans cette chronique.

Pour les fans de Francine, elle va mieux. Elle a eu l'occasion de prodiguer de nombreux conseils à Valérie, la fille du roi Naré. Cette dernière organise tous les jeudis un atelier créatif pour les petits aveugles de l'école Siloé à Ouaga. Elle manque un peu d'idée. Francine elle, en a à revendre. Elle explique à Valérie comment elle peut utiliser tout ce qui traîne: cornets plastics, capsules de bouteilles, bouts de ferraille pour réaliser d'ingénieux bricolages. Cela tombe bien, car au Burkina, le recyclage ne fait pas vraiment partie des préoccupations des gens.
La ligne braille du roi Naré a des problèmes. Comme prévu, je n'ai pas pu les résoudre. Il va falloir que j'envoie quelques mails à mes potes en Suisse, pour tenter de remettre tout cela en ordre.
Très sympa le pot pris aux jardins du SIAO, jardins chers au cœur de Bondi. Il est vrai que nous y bûmes quelques bières.

Nous avons été mangé chez Bouba. Lui et sa femme Agnès, viennent d'avoir une petite fille: Schiphra. Au menu: délicieux couscous, pommes-de-terre frites, bananes Plantin et, malheureusement pour moi, du poisson. Comme boisson: sucrerie pour Francine et Brakina pour moi.

La chaleur était telle, que nous avons passé l'après-midi dans notre chambre, profitant de la climatisation qui fera cruellement défaut dès ce soir à Boulsa.

La soirée passée chez les Niada était particulièrement intéressante. Marie-Luce, une suissesse ancienne collègue de Philippe Fayet, est chargée du dossier de l'éducation de base à la DDc. Son mari François, un burkinabé, est très actif dans l'éducation et est plus particulièrement mandaté pour établir un rapport sur la situation de l'alphabétisation et la scolarisation des personnes en situation de handicap. Oui, cette terminologie s'utilise ici aussi. Etaient également: Bouba et Yara Kambou.
L'éducation non formelle
La situation est vraiment compliquée. D'un côté, un programme scolaire rigide hérité de la colonisation française, de l'autre, des essais tous azimuts allant de la scolarisation accélérée en passant par l'enseignement en langue vernaculaire. Il y a beaucoup d'initiatives intéressantes provenant des ONG ou des coopérations nationales qui restent, malheureusement, souvent sans lendemain. On a le sentiment que le ministère de l'éducation accepte tous les projets pour montrer sa bonne volonté et son ouverture d'esprit, et surtout, pour autant que cela lui coûte le minimum.
Prenons l'exemple de l'enseignement en langue vernaculaire, le mauré. Les gens le parlent, bien sûr, mais très peu le lisent ou l'écrivent. Il existe quelques journaux et quelques romans en mauré. Cependant, leur lecture reste réservée à une élite. Dans les rues, vous ne trouverez aucune indication en mauré. Les enseignants formatés à l'extrême s'en tiennent au programme du ministère et s'interdisent de dire un quelconque mot en mauré dans les classes. Cette situation incarne évidemment une forme d'acculturation. Mais que peut-on faire?
Dans le cadre de nos écoles pour petits aveugles, la solution passe peut-être par la médiation. On ne peut pas se départir du programme officiel au risque de marginaliser encore davantage les petits loulous aveugles qui pourraient intégrer le système scolaire ordinaire. Toutefois, les enseignants, pour autant qu'ils en soient capables ou qu'ils en aient envie, ou ce que l'on pourrait appeler des auxiliaires scolaires, pourraient soutenir les enfants, pendant et après la classe, dans la langue nationale afin de leur permettre de suivre. Ces auxiliaires ne devraient pas être obligatoirement des enseignants. Il pourrait s'agir d'un membre de la communauté, voire d'un parent d'élève. Mais tout cela coûte. S'il faut payer des enseignants avant que l'état nous reconnaisse et envoie des enseignants sortis du moule, puis un ou plusieurs auxiliaires, où trouver les sous?
Au contraire de la précédente, cette nuit a été pénible. Suite à une coupure d'électricité, la climatisation est tombée en panne. Le ventilateur faisait un bruit d'enfer. Finalement la climatisation s'est remise en marche. Francine n'a pas trop la pèche ce matin. La chaleur associée à ses antibiotiques, lui font faire de fréquents séjours aux toilettes.

A plus tard sur la route qui nous mènera à Boulsa. Nous ne serons que quatre dans le Toyota: Bouba, le chauffeur du roi Naré, car Samsung a eu un accident de moto la nuit passée, Francine et moi.
Heureusement, Samsung n'est pas gravement blessé. C'est son bras endolori qui l'empêche de conduire, quel dommage!
A plus tard!
Hello aux Indiana Jones de Boulsa !
On a bien besoin d’aventuriers valaisans (?!) jusqu’au centre de l’Afrique pour voyager un peu dans sa tête.
Savoir que la nature humaine (valaisanne bis repetitas !)peut aussi contribuer avec pertinence et efficacité au quotidien d’autochtones « à besoins particuliers » rassure sur ce que l’Homme est capable de faire pour l’Autre.
Vous n’êtes pas encore des saints (faut pas déconner non plus !) mais des gus comme vous , il faudrait les cloner !
Faisant partie des fans de Francine (!) tu prends bien soin d’elle et vous revenez en forme en terre helvète.
Message perso et intime pour la Francine :je te rappelle que l’on a un coup de fil de retard qu’il faudra … consommer !
Bon séjour,
Nico
C’est pas devant une flag que je vous écris ce petit mot, mais devant un thé chaud en écoutant les rafales de bise qui secouent Genève. Bref, je suis avec une très grande attention vos aventures qui semblent être quelque peu problématiques. Dommage que Samsung ne vous accompagne pas. Dites-lui que je pense bien à lui si vous avez l’occasion de le revoir.j’ai trouvé intéressant le compte rendu de la rencontre avec Yara qui va certainement être un des grands sujets du prochain comité de a-b-c-d. avez-vous pu rencontrer Paul de l’OSEO à propos du soutien au projet de poulailler à Boulsa. Saluez bien toute l’équipe de Boulsa de ma part et je me réjouis de lire vos prochains messages.
Bises à tous les deux aussi de la part de la Doche
Bon courage pour la suite du programme et de vous lire. Oui, comme Michel le demande, avez-vous pu contacter tout les personnes/organisation prévues à Ouaga?