
A notre arrivée, ils sont venus en force nous accueillir à l'aéroport, la lionne blanche et son lion.
En plus de Philippe et Tinou, il y avait le pasteur Bouba et sa femme Agnès, le pasteur Samsung, le frère Etienne de Boulsa, le roi Naré et sa fille Valérie, Laurent Abga, le président de l'Association pour le salut des handicapés de la vue du Burkina. Après un apéro partagé avec toute la troupe chez les Fayet, nous sommes allés au bistro, histoire de croquer un truc et de boire un coup avant d'aller nous coucher, un peu fatigués après 12 heures d'un voyage qui s'est bien passé.
Ce matin débute la formation des enseignants provenant de cinq écoles pour enfants aveugles soutenues par la Mission évangélique braille.

Nous voici dans le trafic intense de Ouagadougou à bord de ce cher Toyote qui compte aujourd'hui 337.015 bornes au compteur.
Nous sommes accueillis au centre Siloé par les chants des enfants accompagnés du djembé. Lorsque j'entends ces chants, cela me rappelle, en beaucoup moins gai bien sûr, les cantiques que nous chantions à l'asile des aveugles chaque matin. On ne comprenait pas toujours très bien ce que nous chantions, mais quelle importance: alléluia!
Etonnant, le pasteur Bouba, le Burkinabé le plus suisse du Burkina, est en retard. Attention, je dois faire attention à ce que je dis le concernant. Il a en effet été nommé ambassadeur du braille au Burkina par l'Union mondiale des aveugles.
Ce sont environ 20 personnes qui vont participer à cette formation. Une des enseignantes a son bébé dans le dos, une autre tient le sien sur les genoux. Deux des enseignants sont aveugles. Nous avons même la chance d'avoir parmi nous la responsable départementale de l'éducation de base.
Je débute ma présentation par un rapide survol du Braille. Ensuite j'expose une technique de l'apprentissage du Braille à l'aide de réglettes dans lesquelles on enfile des chevilles pour composer les symboles braille. Ce système basé sur la progression d'une lettre par rapport à l'autre, semble convenir.
Ensuite, avec l'aide des enseignants aveugles, nous parcourons une méthode progressive de l'apprentissage du braille qui semble, elle aussi, recueillir l'assentiment général.

Mais au-delà de l'alphabétisation proprement dite, c'est le développement global des enfants dont parle Francine. Elle explique aux enseignants présents que leur rôle ne se limite pas à l'alphabétisation, mais qu'il doit également prendre en compte d'autres aspects, comme la spatialité et la connaissance de l'environnement.
Dans toute cette problématique, il ne faut jamais perdre de vue que ces enfants ont été, pour la plupart d'entre eux, considérés comme des bouches inutiles à nourrir et reclus au fond de la case familiale, au mieux dans leur cour. Ils n'ont donc aucune expérience du monde qui les entoure. Le travail des enseignants représente donc le passage d'un monde clos au monde extérieur. Tout ce processus est bien évidemment ponctué d'étapes parfois difficiles à franchir. Francine explique que ce qui pourrait paraître une perte de temps au début du processus, s'avère être, en fin de compte, un gain inestimable. A quoi cela sert-il qu'un enfant soit alphabétisé s'il demeure recroquevillé sur lui-même?

J'ai distribué les devoirs aux enseignants. J'ai distribué quatre exemplaires de la version PDF du livre Lire au Burkina, ouvrage transcrit par Christine, la sœur de Francine et retravaillé bénévolement par Anne Pillet, la directrice de la Bibliothèque braille romande à Genève. Bravo les filles! Notre travail d'adaptation et de correction aura lieu jeudi!
A demain!
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