Assis dans mon désormais traditionnel fauteuil, j'écoute les bruits du quartier qui s'éveille. Le cochon grogne en trottinant, les deux chèvres bêlent en cadence, tout ça, sur fond de reggae que crache la radio d'une voiture garée dans les environs. Frère Etienne est en face de moi. Il prépare le petit déjeuner que nous prenons depuis hier dans notre petit salon en plein air.
Au programme ce matin, test avec les enseignants et les enfants du livre de lecture transcrit par ma belle-sœur Christine et poursuite de l'activité duplo.
Je viens de présenter le livre à deux enseignants. A Mathieu, le directeur de l'école, et à Yvonne, la maîtresse des tout petits, qui fait la classe avec dans les bras, son petit Fidèle âgé d'un an. Après leur avoir exposé le mode de transcription choisi, je leur demande de faire des tests avec les enfants et de me communiquer leurs observations, afin que je puisse en tenir compte pour l'impression des futurs exemplaires.

Le père Duplo a monté deux circuits ferroviaires. Un groupe d 6 enfants s'initie aux duplos sous la direction de Josette, la fille du Roi Naré, qui a son diplôme d'enseignante. Elle a tout à fait la voix de l'emploi, aguerrie qu'elle est, après son séjour à Koupéla, où elle tentait de maintenir la discipline devant une classe de 100 gamins. Cela semble avoir été si rude, qu'elle s'est présentée à un concours pour entrer à la poste.

J'ai installé ma chaise devant la classe. Les enfants viennent me saluer respectueusement.
Samsung est tout inquiet. Un voyant du Toyote reste allumé et il a un peu de peine avec les explications en allemand. Le père Duplo se penche sur le problème. Le Toyote manque d'eau, ce n'est pas le seul. Le père Duplo vient de se muer en chef de gare. Il siffle et fait même le bruit du train. Le train duplo déchaîne l'enthousiasme. Imaginez, ces enfants qui n'ont seulement jamais vu un train. Le père Duplo pose un tunnel, c'est l'affolement.

Le pasteur Bouba vient de m'offrir un boulier de sa fabrication. Dans un cadre en bois, il a enchâssé quinze tiges faites à partir de rayons de vélo qui comportent les mêmes perles que celles que les femmes se mettent autour des reins. Ainsi, la devise de Thomas Sancara prend tout son sens: consommons ce que nous produisons et produisons ce que nous consommons.
A 17 heures à la descente, à la fin de la classe, nous ouvrons la ménagerie des animaux en matière plastique que nous avons achetés avec Francine.

Après avoir fait le sifflet et le train, Bondex rugit, barrit, brait, grogne et feule, lorsque les enfants ne reconnaissent pas tout de suite les animaux. va-t-il bientôt vagir? Décidément, pelage soyeux est plein de ressources.

Les discussions à propos de la religion occupe une bonne place durant les repas, j'en prends pour preuve ce qui suit. Psaume 42, versets 1 et 2. Voici la version de la bible du père Duplo: "Comme le cerf brame après l'eau vive, ainsi mon âme soupire après toi, Seigneur". Voici celle de la bible du pasteur Bouba: "Comme la biche soupire auprès des eaux paisibles, ainsi mon âme soupire auprès de toi, Seigneur". Il est vraiment temps de rentrer, si on ne veut pas finir en taule ou dans les ordres.
..je nous vois encore, Jean-Marc et moi, à Conthey (village suisse, canton du Valais) dans le magasin de jouets, choisir ces animaux en pensant aux écoliers de Boulsa… et maintenant je regarde ces photos, ces animaux dans les mains de ces écoliers aveugles découvrant pour la première fois, du bout des doigts, qui une girafe qui un lion, qui un chat…. merci Michel alias « père Duplo » pour ces photos… je me régale.
Francine… la Lionne blanche!