Bonjour,
Grâce aux petites pilules du bon docteur Ecklin que je salue, la nuit a été assez bonne malgré la chaleur étouffante et le bruit des ventilateurs.
J'ai repris mes habitudes burkinabè. Tout en rédigeant les textes pour le blog, je fume ma pipe en écoutant la cour d'Etienne qui s'éveille. Certains oiseaux émettent des bruits bizarres comme le grincement d'une balançoire grippée, d'autres, on dirait des canards. Il y a aussi des poules et des pintades. Mais ce qui domine le tout, c'est le chant du coq qui invite toutes et tous à rouler leur natte. A 6 heures, petits et grands sont déjà levés.
Hier soir, cela n'a pas été facile. J'ai ouvert notre réunion en tirant la sonnette d'alarme. La maintenance des bâtiments et du mobilier laisse vraiment à désirer. Là, une porte cassée dangereuse pour les enfants, ici, des lits métalliques cassés, là une planche qui manque à un pupitre, là une serrure arrachée et j'en passe. La lionne blanche avec son œil de lynx et Bondi avec son aplomb habituel vont faire le tour pour noter et prioriser ce qui doit être réparé et dans quels délais.
Par contre, ils ont commencé d'arboriser la cour, une bonne chose. Bien que la parcelle ait changé de visage avec la construction de deux nouveaux bâtiments, une classe et un dortoir, le célèbre puits demeure le cœur du Centre de Boulsa.

Nous avons été effarés d'apprendre que ces dernières nuits, les enfants étaient placés sous l'unique surveillance d'un jeune adulte aveugle. Bien sûr, on nous explique que le préposé à cette tâche, une personne handicapée physique, est tombé malade et que sa santé est préoccupante. C'est certainement vrai et nous félicitons Etienne de penser à fournir du travail aux personnes handicapées, peut-être qu'elles coûtent moins cher....,mais pourquoi ne jamais rien prévoir? Personne n'est à l'abri d'un accident ou d'une maladie, non? C'est vraiment ça le plus difficile, cette gestion au jour le jour qui peut avoir des conséquences désastreuses.
Je viens de recevoir de mon ami Guy, une réponse à un courriel dans lequel je lui livrais mes états d'âme. Il comprend bien ce qui se passe. Cependant il attire notre attention sur le fait qu'il faut vraiment veiller à ne pas froisser la susceptibilité de nos Burkinabè. C'est leur projet que nous soutenons et non eux qui doivent exécuter nos ordres. Faisons donc attention!
Remise du livre de lecture 4e année
La cérémonie s'est très bien déroulée comme d'habitude en présence des autorités locales ou de ce qu'il en reste. La lionne blanche a la larme à l'œil lorsque je raconte aux enfants que je sais maintenant ce qu'ils mangent, à quoi ils jouent, comment se déroulent les fêtes au village grâce aux aventures de Karim et Aïssa, les deux petits héros de ce livre. Nous sommes épatés par la fluidité de la lecture par un élève d'un texte inconnu. Après la cérémonie, une collation est servie, sans bière. J'ai bu un youki, un soda bizarre à la mangue.

Visite au lycée provinciale
Nous tombons particulièrement mal. C'est une leçon de géométrie. L'enseignante adapte son cours en dictant lentement la théorie et le contenu du tableau. Cependant, cela reste abstrait. Les deux jeunes filles handicapées de la vue intégrées dans cette classe de plus de 70 élèves très sages, n'ont que leur tablette et leur poinçon qu'ils utilisent aussi vite que Marianne Castella et Daniel Baud. Les connaisseurs mettront chapeau bas. . Ici, l'égalité est de mise: aucun élève ne dispose de livre. L'enseignante dicte tout. J'espère que Mathieu qui soutient les élèves intégrés reprend ça après car sans cela, ils sont dans les choux nos loulous.

Pour se rendre de notre cher Centre au lycée provincial, c'est 30 minutes de marche que les enfants font 4 fois par jour accompagnés de leurs copains voyants car les enfants rentrent au Centre pour le repas de midi. Et il y en a qui se plaignent de faire 4 fois par semaine Genève Lausanne en wagon climatisé!
L'hébergement des enfants intégrés au lycée provincial risque, à terme, de poser des problèmes pour l'accueil de ces enfants. En effet, leur présence occupe des places nécessaires à de nouveaux petits aveugles et malvoyants. Là se pose à nouveau la problématique des familles d'accueil. Où que l'on aille, les mêmes difficultés se font jour. Mais nous avons des idées.
L'informaticien décapsuleur
De retour du lycée, ma soif est telle que je me dis qu'une bière vaut bien mieux qu'un culte. Nous hurlons de rire avec Bondi, en assistant! A l'ouverture de nos bières par l'informaticien sur le bord de la table. J'espère que ses compétences au décapsuleur sont équivalentes à ses connaissances informatiques. Je profite de sa présence pour lui expliquer que l'imprimante braille dont le Centre dispose est davantage conçue pour des petits tirages. Il ne faut pas qu'il se lance dans des gros tirages s'il ne veut pas voir son imprimante rendre l'âme dans de brefs délais. Les tirages importants doivent nous être confiés. Nous sommes équipés à la Bibliothèque Braille Romande et nous avons l'appui de cette chère Anne Pillet.
Michel a retrouvé Marcel
Depuis notre arrivée à Ouagadougou, Bondi se lamente d'avoir oublié ses Marcel. Quelle n'est pas sa surprise de les retrouver dans la valise contenant les livres. Ils ont bien failli finir dans la garde-robe de l'école de Boulsa.
Tiens, j'y pense, aujourd'hui c'est l'anniversaire de Dominique, la femme de Bondi, un bélier comme moi. Alors, bon anniversaire la Doche!
Il y aurait tant de choses à dire
Bondi s'est retiré avec Lucie pour examiner les comptes. Il est globalement content. Les pièces justificatives qui sont présentes malgré que l'ordinateur de Lucie ait rendu l'âme. Par contre, le 23 juin 2014, Etienne a décidé d'interrompre l'activité des moulins à céréales payés par la Mission évangélique braille sans que nous en soyons avertis. Les raisons: une concurrence accrue, des travaux entrepris dans les environs des moulins et des différences constatées entre les recettes et le travail accompli. Il est loin d'être impossible que nos meuniers aveugles se fassent blouser par les acheteurs.
Dans le but que les moulins redémarrent, nous allons examiner au sein de notre comité quelles mesures doivent être prises. Bondi déborde d'idées. A discuter Mais le point est très important car les revenus des moulins constituent une source de financement très importante pour que le centre de Boulsa s'achemine vers l'autonomie.
Quand je pense que je dois me préparer pour présenter un exposé sur l'accessibilité le 14 avril prochain devant une classe de mon ami Luc, je me demande quand je vais trouver le temps de m'attaquer à ce gros morceau.
A midi, nous n'avons ni eau, ni électricité, que de la bière et du Youki.
On a eu chaud. Le courant n'est revenu qu'à 7 heures du soir.
Il ne fait vraiment pas bon devenir vieux. Bondi et moi se sont arrangés pour chopper un rhume.
Bis morgen!
Salut à tous les trois…
On vous suit pas à pas quotidiennement… Tout ça relativise nos petits tracas quotidiens… même la grève radiophonique, la suppression des trains hier entre Morges et Nyon… on a de l’eau, de l’électricité, de la bière et pas de Youki, Youpi!
Par solidarité, j’ai chopé un rhume… des foins…
Ici soleil et grosse bise…
Les Bubu et Nonoche… qui salue bien Marcel…
PS :On met un cubi basquais au frais pour votre retour…
Salut les Bubu,
Il est vraiment temps que nous quittions Boulsa. On est un peu fatigué et les conditions liées à la chaleurs sont vraiment dures. Quant aux Basques, ils ne perdent rien pour attendre. Auriez-vous une envie particluière, un objet ou autre chose, que nous pourrions vous ramer du pays des hommes intègres?
J’espère que je serai en forme la semaine prochaine. En effet, j’ai beaucoup. Un exposé sur l’accessibilité à l’école d’ingénieurs d’Yverdon, ainsi que l’enregistrement commun de la BSR et de la BBR.
Il va falloir que nous reparlions des livres de lecture pour la cinquième et la siyième année. Les besoins sont urgents.
Christine, ici, je n’ai vu aucun minou. C’est bien triste!
A tout bientôt!
J2M