6 avril 2015

Bonjour,

Nous voilà repartis pour de nouvelles aventures. Nous abandonnons l'idée d'aller acheter des bermudas au Grand marché. Francine a coupé le pantalon que je porte depuis Genève. A la guerre, comme à la guerre. En attendant que Francine et Michel fassent la déclaration de perte de la valise, le pasteur Sam, dit Samsung, le meilleur chauffeur de tout l'ouest africain, raconte son voyage aux Etats-Unis. L'an passé, il a été invité par une dame de la paroisse dont il est le pasteur au mariage d'une parente au pays de l'oncle Sam. Il a vraiment dû être dépaysé notre pasteur, cultivateur, chauffeur. Ce qui l'a particulièrement choqué, c'est la place trop importante occupée par les femmes. Avec la candeur qui le caractérise, Samsung explique que s'il y a autant d'homosexuels aux USA, c'est parce que les femmes sont insupportables. Les féministes apprécieront.

Et la politique?

Lorsque nous débarquons au Burkina, on ne remarque aucun changement notable à nos yeux. Jusqu'aux élections présidentielles et législatives d'octobre 2015, le pays est dirigé par un Conseil national de transition qui représente toutes les couches de la société. Ces jours, le débat fait rage. Faut-il interdire aux membres du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti du président chassé l'année dernière de se présenter. Si les gens du CDP sont écartés du processus électoral, on peut craindre la réaction de la garde présidentielle toujours présente. Ce corps d'élite a été créé par l'ancien président. Ces membres jouissent de beaucoup de privilèges. Leurs familles occupent les bonnes places. Ils sont mieux payés que les soldats de "l'armée régulière". Selon Bouba, le peuple n'acceptera jamais le retour de l'armée au pouvoir. A quel bain de sang peut-on s'attendre si la garde présidentielle sort de ses casernes? La décision vient d'être prise. Les membres de l'ancien gouvernement, ainsi que ceux qui avaient voté la prolongation illégale de Blaise Compaoré, sont exclus des trois scrutins à venir. Ooit: l'élection présidentielle, les élections législatives et municipales. Trois candidats semblent s'extraire de la mêlée pour la présidentielle: Zéphirin Diabré de l'UPC, Rock-Marc-Christian Kaboré du MPP et Maître Sankara Stanislas de l'Unir-PS. Bien que sankariste, ce Sankara n'a aucun lien de parenté avec Thomas. Seul notre Stanislas n'a pas collaboré avec Blaise Compaoré. Les deux autres ont quitté le CDP sentant venir la fin du régime. Diabré, il est vrai, il y a longtemps, mais Kaboré, très récemment. Cette situation transitoire n'est pas sans conséquence sur notre projet à Gaoua. En effet, la ville de Gaoua sans administration, a été mise sous la tutelle du préfet, ce qui ralentit, voire rend impossible, les démarches pour obtenir certaines autorisations.

En route pour Boulsa

Nous passons chez le roi Naré. En effet, il est inconcevable de partir pour Boulsa sans que le bus et notre petite troupe soient bénis par sa femme Rosalie.

Rosalie bénit le bus
Légende: Rosalie bénit le bus

A propos du bus

Lorsque Michel Bondi, Philippe Racine et moi ont convoyé ce bus Toyota depuis Lausanne en 2009, il avait 286.000 kilomètres à son compteur. Aujourd'hui, il en compte 415.000. Vu son état général, j'ai le sentiment que c'est la dernière fois que nous voyagerons à son bord. Espérons qu'il roule jusqu'à Boulsa et nous ramène jeudi prochain à Ouaga.

Le bus arrive au bout!
Légende: Le bus arrive au bout!

Nous ne connaissons pas l'accueil qui nous attend à Boulsa. Dans la nuit du 29 au 30 mars 2015, nous avons appris par SMS, le décès de la petite Abigaël, âgée de 12 ans, la fille de Jacqueline et Etienne, le directeur du centre de Boulsa. Cette nouvelle nous a plongés dans une très grande tristesse. Chaque matin, lorsque je fumais ma pipe en écoutant s'éveiller la cour d'Etienne, Abi venait me tendre sa petite main fraîche. Dès l'aube, elle s'attelait aux tâches ménagères pour aider sa maman avant de partir pour l'école. Adieu, courageuse petite burkinabè, que la terre te soit légère. C'est déjà le second enfant que Jacqueline et Etienne perdent. Nous quittons Ouaga à 11h30. Jusqu'à Zorgho la route est bonne. Parvenus à Zorgho, nous faisons le plein de coca, d'eau et de bière. Cette Beaufort bien fraîche accompagnée de petits beurres passe particulièrement bien par cette chaleur qui dépasse les 40 degrés. Nous attaquons les 56 kilomètres de piste refaite avec un financement états-unien qui nous mène à Boulsa. Les conditions vont être rudes. Pas de drap et pas d'eau. On se lave avec un sceau, comme les éléphants. Il fait terriblement chaud. "C'est l'Afrique qui frappe à la porte!" Nous avons définitivement renoncé au cubi des Basques. Michel a bien tenté d'acheter une bouteille dans un magasin à Boulsa, ce n'est guère mieux. Seule la bière peut encore avoir grâce à nos yeux! Nous avons été visité les nouveaux aménagements. Globalement, c'est bien. Cependant, la maintenance des bâtiments et du mobilier pose problème. Nous vous en dirons davantage demain, mais nous ne sommes pas satisfaits.

Les nouvelles armoires dans les dortoirs
Légende: Les nouvelles armoires dans les dortoirs

Bonne journée!