9 mars 2009

Hier soir, à Aleg, l'ardoise du bistro "chez Mimiche" proposait: maïs et taon en hors d'œuvre, le cassoulet du chef avec ses saucisses et le vin du mois, du Fanta. Comme souvent, il y a eu contestation entre le prix négocié à l'arrivée et le prix exigé au départ. Dans ces pays, il vaut mieux payer dès le marché conclu, car pendant la nuit les prix risquent de prendre l'ascenseur. Nous avons eu droit à un filet d'eau mais une petite climatisation un peu poussive nous a permis de passer une nuit somme toute agréable.

L'étape du jour qui devait initialement mener le Toyote et ses hyènes jusqu'à la frontière malienne à Nioro du Sahel sur 785 kilomètres, risque d'être raccourcie de 200, jusqu'à Ayoûn, à cause de l'état de la route et surtout à cause de l'accumulation de fatigue des chauffeurs dont les avant-bras ont déjà été mordus par le soleil. En tout état de cause, elle sera dure, chaude et sans puisque nous avons réglé son compte à la bouteille de Ricard au bivouac d'hier.

Nous avons, semble-t-il, quitté le Sahara proprement dit pour pénétrer dans le Sahel. Sur les immensités plates que notre route traverse, il y a de l'herbe sèche et des petits arbres. Mais au loin, se profilent encore des dunes. C'est comme si nous nous trouvions dans une région de transition.

Comme nous n'avons pas même eu le temps de prendre le petit déjeuner, nous stoppons le Toyote en rase campagne et Bondichéri sort son célèbre camping-gaz, Philippe son bocal de café instantané et je distribue le pain.

Les villages que nous traversons sont ici plus riches. Les maisons sont généralement construites en dur. Au fond d'un oued nous entrevoyons même un petit coin de culture maraîchère. "Merde! on a crevé!". C'est le branlebas de combat. Tout le monde descend. C'est là que l'on va vraiment voir à l'œuvre les pros de la route. Philippe, toujours trop fort, sort son matériel qui a fait dix Paris Dakar: cric, caisse à outils complète, compresseur à brancher sur l'allume cigare. Michel Gilbert et Philippe Paul soufflent comme des phoques sous le Toyote. Il fait une chaleur à crever. En une demi-heure à peine, tout est plié. Je suis vraiment bien triste de ne pas pouvoir leur servir une bière fraîche à ces rois de la mécanique. Je m'en mettrais bien aussi une derrière la cravate, même si je n'ai pas fait grand chose à part encourager et féliciter mes deux potes bien sûr. Nous voilà repartis pour de nouvelles aventures. La moyenne est bien évidemment lamentablement tombée après la pause café et notre crevaison. Trois priorités s'imposent aux trois hyènes du désert que nous sommes peu à peu devenues: réparer la roue, acheter de l'eau et faire de l'essence.

Ici, la végétation change encore, une palmeraie. Ce sont les premiers palmiers que nous rencontrons depuis Dakhla au Maroc. Nous franchissons maintenant un petit col qui traverse le massif du Tagân pour rejoindre Kiffa, la troisième ville de Mauritanie avec ses 40.000 habitants.

Nous avons réparé la roue, trouvé de l'eau, même du coca auquel Philippe trouve un léger goût de rhum. Seraient-ce les premiers effets du désert? ses premiers mirages? Seule manque toujours à l'appel: l'essence qui est vraiment très rare dans ces régions où tous les véhicules roulent au diesel. Pour rallier Kiffa, nous devons recourir au jerrican. Il ne nous reste que 47 bornes, cela devrait aller, mais s’ils sont en rupture de stock, on est vraiment mal... Philippe ralentit et s'arrête. Un chameau traverse tranquillement la route. Bondex prend des photos. Philippe baisse sa glace et s'adresse au chameau: "Ça va pas non? Ils dressent comment les chameaux ici? Chez nous cela ne se passerait pas comme ça!" C’est fin, non? Ouf! C’est bon. Après une quinzaine de stations, en voilà enfin une qui propose de la super, c'était par les poils. Oh! Que tu avais soif, mon bon Toyote, te voilà satisfait, heureux, prêt à affronter toutes les difficultés qui nous attendent encore et à partager avec tes trois hyènes, toute la joie qu'elles ont d'être ensemble à ton bord.

Compte tenu des aléas du matin et de la route très mauvaise par moment depuis Tan-tan, nous décidons de poser sac à terre à Ayoûn, dans 50 kilomètres. Les alentours de cette ville ressemblent furieusement aux paysages du far-West. L'étape du jour aura tout de même été de 570 kilomètres. De toutes les façons, nous sommes toujours dans les temps des prévisions les plus optimistes.

Aujourd'hui, petite Colinette, comme promis, Oui-oui est dans le désert. Demain, où sera-t-il? C’est une surprise. Il sera dans un nouveau pays car nous allons entrer au Mali. Est-ce que ce n'est pas le nom de ton pédiatre? Ton tonton et ses potes te foot de gros bisous et pensent très fort à toi depuis de plus en plus loin en Afrique!

Nous avons quitté le Sahara
Légende: Nous avons quitté le Sahara
Désert rouge
Légende: Désert rouge
La maison dans les dunes
Légende: La maison dans les dunes
Cours de braille pour policier
Légende: Cours de braille pour policier
Bondex au boulot
Légende: Bondex au boulot
Western couscous
Légende: Western couscous
Oui-oui a enfin chaud
Légende: Oui-oui a enfin chaud