La première nuit dans la chambrée se passe dans une certaine promiscuitée, dans la minuscule chambre du Formule 1 situé à un jet de pierre de Montélimar, la capitale du nougat. L'atmosphère de corps de garde qui règne, fait ressurgir chez Philippe quelques souvenirs de caserne et, pour ne pas faillir à la tradition, il régale la compagnie d'une petite bouteille de rouge qui tombe fort à propos, avant que nos rêves nous ramènent auprès de nos femmes restées au pays.
Après un petit déjeuner pris en rang d'oignons, face au mur de la salle à manger borgne de notre Formule 1, nous partons à la chasse au cybercafé. Autant dire que cela n'a pas été facile. Et après en avoir déniché un aux environs de Nîmes, quel ne fut pas notre désarrois de ne pas pouvoir alimenter notre blog: impossible d'entrer le mot de passe. Après une heure de recherches qui m'ont plongées dans un abîme de désespoir, nous nous sommes aperçus que nous devions activer le pavé numérique pour entrer les chiffres. Finalement, tout est bien qui finit bien. Nous sommes prêts pour l'embarquement fixé à 19 heures à Sète. Les derniers achats effectués: un cubiténaire de vin rouge, de la bière, une petite bouteille de Ricard pour le fragile estomac de Philippe, une de whisky pour les souffrances de l'âme, un wagon de boîtes de conserve et deux moustiquaires, nous prenons l'autoroute pour la première fois depuis Lausanne, afin de nous installer au plus vite sur une terrasse ensoleillée. Michel s'exclame: "la mer est à notre gauche".
Il fait soleil à Sète mais le mistral est frais. La terrasse sur laquelle nous dégustons un solide sandwich merguez frites arrosé de Kronemburg, représente à elle seule un curieux trait d'union entre l'Europe et l'Afrique du nord. Dans mon dos, vrombissent déjà les moteurs du Biladi, un énorme ferry, qui va faire traverser la Méditerranée à notre cher Toyote et à ses trois occupants. Ici, semble s'entasser le surplus dont les pays nantis ne veulent plus et qui pourra, espérons-le, soulager un peu la misère de ceux qui se battent pour survivre.
Notre départ est retardé par une poignée de jeunes manifestants qui sont montés sans billets. Campés au pied de la cheminée, ils protestent contre l'expulsion de clandestins vraisemblablement embarqués de force sur le Biladi pour le Maroc. Je suis fatigué ce soir et je n'ai vraiment pas faim après le gigantesque sandwich ingurgité trois heures plus tôt. Je décide donc de me retirer dans la cabine à deux que je partage avec Bondi. Lorsque je me réveille vers deux heures du matin, un doux balancement nous berce.
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