Ce matin, nous avons pris le petit déjeuner à l'auberge de l'association (Nasongdo), qui est gérée par la paroisse catholique de Boulsa. Nous ne pensons plus être en devoir de prouver notre sens aigu de l'œcuménisme. Sur la table, du Nescafé et du lait Gigoz qui proviennent d'où vous savez, de la confiture de la région parisienne. Seules les serviettes en papier étaient produites au Burkina. Vous constaterez que nous sommes bien loin du mot d'ordre du capitaine Thomas Sankara qui disait: (Produisons et consommons burkinabé!) Encore deux chiffres qui me paraissent particulièrement révélateurs. Pour illustrer le phénomène de l'exode rural, il suffit de savoir que la capitale Ouagadougou compte 5 millions d'habitants alors que la population totale du pays ne s'élève qu'à 14 millions. Pour vous faire une idée du produit intérieur brut du pays, sachez que le budget annuel du Burkina Faso correspond à celui du canton du Valais.

Les cérémonies protocolaires ont été un peu longues. Elles sont d'autant plus pénibles lorsque le fonctionnaire à qui vous vous adressez ne comprend absolument pas ce que vous lui racontez et qu'en plus, il s'en tape comme de sa première chemise. Chez le chef de l'église locale, il n'y avait ni climatisation ni même un ventilateur. J'ai bien failli tourner de l'œil.

Philippe vient d'installer un des ordinateurs de Pierre-Yves Rochat équipé d'une synthèse vocale, avec sa super souris Mouskie. D’emblée, c'est le succès. Les professeurs présents qui vont utiliser cette nouvelle méthode d'apprentissage du Braille, ne savent pas même allumer un ordinateur. Et pourtant, ils s'y mettent, quelle volonté, quelle soif d'apprendre, quelle envie de faire tout ce qu'ils peuvent pour ces enfants aveugles.

Il fait une chaleur à crever, 38 degrés à l'ombre peut-être. La cérémonie du départ est émouvante au-delà de tout. Cinq petites filles ou petits garçons nous offrent à chacun un sac en cuir au nom de l'école de Boulsa.
Lorsque nous sommes rentrés du repas de midi, un des professeurs était déjà en train d'initier au Braille un petit garçon à l'aide de Mouskie. l'école pour enfants aveugles de Boulsa est le premier établissement pour handicapés de la vue au monde à être équipé d'une Mouskie. Notre Philippe, notre mécanicien loup de mer, en est encore tout retourné. Le dernier geste des enfants à notre égard est particulièrement symbolique puisque ce sont eux qui poussent le minibus jusqu'à ce qu'Abel, notre chauffeur, passe la seconde pour qu'il démarre. C'est pas du partage ça?

Petite Colinette, à demain pour de nouvelles aventures avec Oui-oui. Gros bisous, ton tonton et ses hyènes de copains pensent très fort à toi.