Infowakat.net a recueilli quelques avis de Ouagalais sur la question.
Le Burkina Faso dans sa volonté d’assurer une santé sexuelle et reproductive aux hommes et au femmes, a ratifié la loi de Maputo qui préconise que l’avortement est possible dans le cas de malformation du fœtus, ou que la grossesse présente des risques pour la mère ou encore en cas de viol et d’inceste. Il n’en reste pas moins que la question reste un tabou dans la société, même lorsque que l’on parle d’avortement sécurisé dans les cas pré-cités. Mais, l’avortement clandestin reste fréquent. Selon une étude de l’Institut supérieur en sciences de la population (ISSP) de l’Université de Ouagadougou, le taux d’avortements clandestins est de 25 pour 1000 habitants par an. Et 41% de ces avortements sont faits par des tradipraticiens. Que faut-il faire dans ce cas?
Safiatou Ouédraogo
Pour cette étudiante en médecine, Safiatou Ouédraogo, relire la loi pour permettre à la jeune fille ou à la femme en situation difficile d’avorter n’est pas la solution. Cela ne va pas les empêcher de tomber enceinte, il faut plutôt mettre l’accent sur l’éducation. "L’avortement pour une question de moralité n’est pas acceptable. Je pense que les filles qui se retrouvent enceinte dans des situations difficiles peuvent se retourner vers les structures sociales pour obtenir de l’aide", dit-elle.
Selon les données croisées du ministère de l’éducation et de la santé Au cours de l’année scolaire 2017-2018, il a été dénombré 64 cas de grossesses dans les lycées et collèges de la commune de Dori, 43 à Gaoua, 77 à Banfora, 26 à Tenkodogo, 66 grossesses dans la commune de Manga et 208 à Fada N’Gourma.
Pour notre étudiante ces chiffres laissent paraître qu’il y a un problème quelque parts. "On ne peut pas parler toute suite d’avortement sécurisé pour ces cas. On doit plutôt, ressortir le problème et commencer à le résoudre pour que dans les années à venir ses chiffres soient à la baisse".
Lydie Bado
Cette couturière, pense pour sa part que cela est dû au fait que la garde ait été baissée sur la sensibilisation et sur les des dangers de l’avortement. Et d’après elle, le cocon familial est le premier rempart. "Si une fille arrive au point de vouloir avorter, c’est qu’elle a peur de la réaction de la famille. Pour les parents, quand une fille tombe enceinte, c’est une trahison et une honte. Malgré l’éducation, si une grossesse arrive, qu’on soutienne la jeune fille", clame Lydie Bado.
Ali Traoré
Même son de cloche chez Ali Traoré. "Il y a certains parents qui ont peur de parler à leur enfant. La sexualité en famille ne doit pas être un tabou, les parents doivent en parler", souligne-t-il.
Toute fois, ce que craint Safiatou Ouédraogo, notre étudiante, c’est que "s’il y a une loi qui est votée, tomber enceinte ne sera plus un problème pour les filles parce qu’elles savent qu’elles peuvent avorter".
Doit-on appliquer la loi de Maputo dans toute son entièreté? Oui mais avec des réserves. "En cas de viol, si tu peux supporter tu gardes l’enfant. Mais si tu ne peux pas supporter, il y a des mères qui n’ont pas la chance d’accoucher et qui prendraient soin de ces enfants", estime Safiatou Ouédraogo.
D’autres comme Ali Traoré sont par contre favorable "du moment où la loi contribue à sauver une vie".
Source: Infowakat.net
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