Cette ONG a dévoilé une série de témoignages de personnes ayant échappé à des attaques terroristes.
Dans ce document dont Infowakat.net en a obtenu copie, l’on peut lire les récits de personnes ayant survécu à l’attaque contre le convoie de la mine de Semafo, et d’autres perpétrées contre des civiles dans la région du Sahel dont celle du meurtre du maire de Djibo. Du dit document il ressort également que des civiles ont été assassinés soit pour leur présumée collaboration avec l’armée régulière soit avec les groupes d’auto défense kogolweogo. Ou encore pour des supposés liens entre les victimes et le gouvernement, l’Occident ou la religion chrétienne, bien que sur ce dernier aspect, des attaques aient été opérées dans des mosquées et contre des fidèles musulmans.
Sept rescapés de l’attaque de Boungou ont raconté que les assaillants (une dizaine) étaient habillés d’une combinaison de camouflage militaire ou de "boubou". Ils portaient également des gilets de munitions et étaient armés d’armes de type AK-47, de mitraillettes PKM 12, de pistolets et de couteaux. Les témoins les ont entendus parler en français, "fulfudé, gourmanchéma, mooré et zerma (une langue largement répandue au Niger)". Et selon leurs dires, l’attaque s’est déroulée en deux phases.
Une opération en deux phases
Selon les témoins, l’escorte militaire qui accompagnait le convoie était constituée de "plusieurs soldats en moto et de deux voitures blindées qui avançaient 50 mètres au moins devant les autocars et les véhicules de société".
L’un des véhicules, une camionnette, appartenait à une société de sécurité privée, et transportait au moins un homme armé. Dans chaque bus, il y avait un agent de sécurité de cette société, non armé mais équipé d’un talkie-walkie.
C’est vers 9 h 15 que le premier véhicule blindé a heurté un puissant dispositif explosif, qui l’a immobilisé. Des tirs rapides ont suivi pendant environ une heure.
Deux des autocars et quelques véhicules de société qui se sont retrouvés face à l’embuscade ont toutefois réussi à se mettre en sécurité. Les trois autocars restants et les autres véhicules ont été contraints de s’arrêter, parce que leur chauffeur avait été tué ou s’était enfui, ou parce que les véhicules avaient été immobilisés par les tirs. Les assaillants ont tué et blessé de nombreux passagers puis se sont retirés.
Un employé des mines a dit: "nous avons quitté la mine à 7h 30 et nous avons rejoint l’escorte militaire à 8 h 05. Je m’étais installé confortablement et je consultais mon téléphone lorsque, à 9 h 17, j’ai entendu une explosion. J’ai cru qu’un pneu avait crevé, puis … des coups de feu. À ce moment-là, une fenêtre a explosé… Le collègue assis à côté de moi a été touché à la poitrine et saignait abondamment. Il est tombé sur moi et est mort juste après"
Croyant que l’attaque était fini, quelques personnes sont sorties des bus pour tenter joindre les secours, sortir les morts et les blessés.
Toutefois, 15 à 30 minutes plus tard, les assaillants ont refait surface et ont commencé à exécuter de nombreuses personnes.
"J’étais dans le troisième bus ; notre chauffeur avait été tué et j’avais été égratigné à la tête. Après des tirs abondants, on a cru que c’était terminé et on a commencé à évacuer un collègue touché à deux reprises. Nous étions deux à le soutenir contre un arbre. Il nous a dit qu’il avait soif et nous a demandé de lui amener son sac à dos, où se trouvait une bouteille d’eau. C’est en revenant vers le bus pour récupérer le sac que j’ai vu les djihadistes sortir de la forêt. Ils tiraient en avançant vers moi. Je n’ai pas eu le choix, j’ai dû courir… Plus tard, j’ai appris que mon collègue blessé avait été exécuté près de l’arbre". C’est ce qu’a expliqué un autre rescapé.
Récit d’une attaque contre une église à Dablo
Le 12 mai, 2019, une trentaines d’hommes armés ont attaqué l’église catholique de Dablo, dans la région Centre-Nord. Six témoins ont décrit l’attaque, qui a fait six morts, dont le père Siméon Yampa.
Selon l’un d’eux, la messe a commencé à 8h30. " Vers 8h 45, nous avons entendu les motos… Puis nous les avons vues par la fenêtre. L’église était si pleine que des dizaines de fidèles ont dû rester dehors. Un groupe de djihadistes les a encerclés puis un autre groupe est entré dans l’église. Ils ont semé la panique. Ceux qui ont pu se sont glissés dehors. Mais après, ils ont bloqué les portes."
Un autre fidèle qui se cachait à quelques mètres de l’église a raconté que "le père Yampa s’est précipité dehors en passant par la sacristie. Il a couru environ trois mètres, mais un djihadiste l’a menacé de son fusil en lui disant: "Tu ne t’échapperas pas". Le prêtre s’est retourné, il a levé les bras en serrant la bible et s’est effondré sur les genoux. Et le djihadiste lui a tiré dans la poitrine ".
Selon un des témoins, les assaillants y ont exécuté une vingtaine de personnes après les avoir dépouillé de leurs pièces d’identités et de leurs téléphones portables, puis se sont retirés après avoir reçu un appel téléphonique.
Un scénario dans l’assassinat du maire de Djibo.
Le 3 novembre, des hommes armés ont assassiné Oumarou Dicko, député et maire de la ville de Djibo et deux autres hommes, dans une embuscade sur l’axe Djibo Ouagadougou. Au cours de l’attaque, il y aura un survivant selon Human Right Watch, le chauffeur, et des témoins d’un bus qui passait au moment où l’incident a eu lieu. Voici ce que l’un d’eux raconte.
"Aux alentours du village de Namsiguia, nous avons vu une voiture renversée sur le bas-côté de la route. Nous avons pensé que c’était un accident. Le chauffeur du bus a arrêté et alors que nous descendions pour aider les passagers de la voiture, quatre assaillants armés, équipés de talkies-walkies ont émergé de la forêt et nous ont menacés de leur fusil. Ils ont ordonné à tous les hommes de se baisser puis nous ont dit de retourner le véhicule. J’ai reconnu le maire et j’ai vu qu’il était blessé au front, mais ce n’était pas une blessure grave. Il m’a dit que leur véhicule avait été pris dans une embuscade.
Lorsqu’il est sorti, un assaillant a demandé: "Monsieur le Maire, c’est bien vous ?" Le maire n’a pas répondu et s’est dirigé vers les passagers du bus, mais l’assaillant lui a dit de ne pas bouger. Le maire a dit "Non, ces gens sont mon peuple, et je reste avec eux".
L’assaillant l’a attrapé par le bras et l’a poussé brutalement sur le côté. Pendant ce temps, un autre assaillant était sur son talkie-walkie. Son interlocuteur lui a demandé s’il était sûr qu’il s’agissait du maire. Il a répondu: "Oui, nous l’avons". Ils nous ont ordonné de retourner dans le bus, et alors que nous avancions, ils ont exécuté le maire, puis nous avons entendu d’autres tirs: ils exécutaient les personnes qui accompagnaient le maire."
Depuis avril 2019, Human Rights Watch a documenté 256 meurtres de civils lors de 20 attaques perpétrées par des groupes alliés d’Al-Qaida, dont le groupe armé local Ansaroul Islam, et l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS).
Source: Infowakat.net
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