Le Burkina Faso a longtemps fait figure de havre de paix.
Le Burkina Faso, littéralement 'Pays des hommes intègres, enclavé en Afrique de l’Ouest, a longtemps fait figure de havre de paix. Les quelque 20 millions d’habitants de l’ex Haute Volta semblaient épargnés par les affrontements qui se généralisaient chez leurs voisins maliens ou nigériens, jusqu’en 2014.
Depuis la chute du régime de Blaise Compaoré il y a cinq ans, la situation ne cesse de se dégrader dans ce pays qui est l’un des dix moins développés du monde.
L’état burkinabé n’a pas les moyens militaires de s’opposer à l’avancée des djihadistes venus du Nord. Et les attaques se multiplient. En août dernier, la mort de 24 soldats dans leur caserne a traumatisé la population, alors que quelques semaines plus tôt, la libération de deux otages français avait coûté la vie à deux membres des forces spéciales françaises.
Ces attaques ont déjà fait plus de 600 morts et poussé un demi-million de Burkinabés à l’exil intérieur.
L’absence de réaction efficace de l’état a favorisé la création de milices d’autodéfense
On leur attribue notamment le massacre d’Yirgou au début de l’année. Des miliciens suspectaient ce village d’éleveurs peuls musulmans de cacher des djihadistes et en a massacré pratiquement toute la population, probablement 200 personnes.
L’identification Peuls-djihadiste sert souvent de justification aux exactions commises par les milices d’autodéfense. Il faut dire que cette ethnie présente dans toute l’Afrique de l’Ouest, cristallise contre elle bien des inimitiés : les Peuls sont initialement des éleveurs de tradition nomade, peu instruits et repliés sur une culture fermée, bref, des boucs émissaires tout trouvés. Certains parlent même de Djihad peul.
En moins de 5 ans, toute une tradition de « vivre ensemble » s’est désagrégée dans ce pays où ethnies et religions cohabitaient en harmonie depuis des décennies. La peur du terrorisme mine désormais une population dont les services publics sont en déliquescence.
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